mardi 25 février 2014

Mon combat n'est pas une insulte.

Mon combat n'est pas une insulte.

Après cette loonnngue journée dans la ville de Lincoln, je n'attendais qu'une chose : qu'il soit suffisamment tard pour aller me coucher sans avoir peur de me réveiller trop tôt le lendemain. 3615 je te raconte ma life. Je suis finalement tombée sur quelques messages sur facebook, d'une amie très chère dénigrant totalement mon combat.
Et forcément après ça difficile d'aller se coucher vous pensez bien, donc je vais écrire ce que je pense de tout ça, ça fait trop mal et ça sonne trop faux pour que je laisse passer. Je vais essayer de faire court pour aller me reposer un peu quand même !

Beaucoup de gens sont d'accord avec les idées du féminisme sans s'en rendre compte. Ils sont d'accord pour constater les différences de salaire et le sexisme, d'accord pour constater le harcèlement de rue voire même d'admettre que les victimes de viol sont principalement des femmes et qu'on les accuse de choses et d'autres, niant ainsi leur statut de victime. Certains, plus rares, se rendent compte de l'existence d'une culture du viol, d'un mépris pour ce statut même de « victime » puisque quand les femmes se plaignent de quelque chose, elles « se victimisent » et ne se battent donc pas correctement contre ces « individus isolés »... bref, on peut nier le problème et regarder ailleurs très facilement, vous l'aurez compris. Donc on en est là : oui, beaucoup de gens se rendent compte des choses mais alors n'allez surtout pas les traiter de féministes, insulte suprême.

Le féminisme, cachez ce gros mot que je ne saurais voir...

Quel est l'intérêt de dénigrer le combat des féministes ? Ou celui de se demander si on ne ferait pas mieux d'utiliser un autre mot comme « égalitarisme » à la place ? Ou pas de mot du tout ? Un mouvement créé par des femmes, pensé par des femmes et qui se propose de véritablement avancer vers l'égalité est-il vraiment si menaçant pour votre petit confort, vous qui ne militez pas et qui, vous le dites aussi, n'avez pas besoin du féminisme ? S'il vous plaît, laissez aux féministes le droit de penser leur combat comme elles l'entendent. Elles ne vous ont pas attendu pour dénoncer ceux qui veulent penser pour elles, décrier leur façon d'agir et leur montrer comment s'y prendre. Paternalisme vous avez dit ? Ou c'est aussi un mot tabou ?


« le mot « féminisme » est devenu péjoratif dans beaucoup de bouches »

ai-je lu aujourd'hui. Alors oui, bien, constatation intéressante ! On pourrait l'attribuer à beaucoup de choses mais est-ce la faute des féministes ? NON !
Je m'explique : premièrement le féminisme n'a pas de porte-parole, il n'est pas unique et se compose de plusieurs courants. Non, pas de simples querelles de clochers mais bien des courants de pensée différents. Vous trouvez « péjoratif » le féminisme en incluant tous ces courants, même ceux qui s'opposent ? Les connaissez-vous au moins ou bien ne connaissez-vous seulement que ceux dont on entend parler dans les médias, souvent les mêmes d'ailleurs. Ah bah mince, si maintenant on est obligé de savoir avant d'émettre un jugement...
Pas de porte-parole ça signifie aussi que ceux que l'on entend/voit à la télévision ou à la radio ne nous représentent pas. Je l'avais précisé dans mon premier article : le féminisme d'Isabelle Alonso n'est pas le mien, celui de Caroline Fourest et des Femen non plus.
D'autre part on ne valide pas une cause en fonction de l'image qu'en donnent ses militants mais parce qu'on est d'accord ou pas avec la cause en question ! Si on part du principe que la cause du féminisme c'est l'égalité entre les sexes, pourriez-vous m'expliquer comment une telle chose pourrait être péjorative ? Ou alors on en revient à la conclusion : les responsables de clichés et de préjugés ne sont pas les objets de ces préjugés mais ceux qui les construisent par leur ignorance. Il y a peu la manif' pour tous proposait de « protéger les stéréotypes de genre », protéger des stéréotypes, un sacré concept !

Le féminisme est-il vraiment « devenu » péjoratif dans beaucoup de bouches ?

Ou bien en a-t-il toujours été ainsi ? Dites-moi donc à quelle époque de notre belle planète a eu lieu l'âge d'or du féminisme, celui ou le féminisme était en vogue et que personne ne pensait à remettre en cause ou à accuser ses militantes d'être des hystériques irresponsables ?
Parce qu'unanimement (à part quelque Zemmour et compagnie) on s'accorde à trouver que le droit de vote et l'avortement sont des progrès, non ? Et croyez-vous que l'opinion publique à l'époque où ces combats étaient menés pensait que les féministes étaient dans leur droit ? Avons-nous acquis ces droits d'un simple claquement de doigts ou bien est-ce qu'il y a eu opposition ? Je pose la question parce qu'il semble que nous n'ayons pas la même vision de l'Histoire. En sachant cela, pourquoi ne pas brandir ce beau mot de « féminisme » au nez et à la barbe de tous, pourquoi ne pas en faire une fierté, un étendard de nos luttes présentes et continues puisqu'aujourd'hui encore on remet en question ces droits. Puisqu'aujourd'hui encore les droits des transexuels et des homosexuels sont soumis au bon vouloir des gouvernements et de cette opinion publique tellement favorable au féminisme qu'il est « devenu banal et cliché » comme j'ai pu le lire.


(tu te souviens quand les féministes pouvaient parler d'égalité sans être étiquetées "émasculatrices" ? Non ? La ferme Pepperidge non plus...)

Parlez avec des féministes, toutes vous diront que si elles pouvaient se passer du féminisme, elles le feraient. Un monde où on n'aurait pas besoin du féminisme, ça serait tellement reposant. En attendant, à l'université de Cambridge, la campagne "on a besoin du féminisme parce que..." a connu un franc succès, étrange pour un mouvement qui pointe du doigt des problèmes "qui n'existent pas"... (vous pouvez voir ça ici : http://www.cam.ac.uk/news/we-need-feminism-because)

Sur ce je vous invite aussi à lire l'excellent article suivant qui lie « genre » et « féminisme » et qui vous fera peut-être réaliser que si vous constatez qu'il y a genre c'est peut-être que vous constatez qu'il y a légitimité du féminisme... attention je vais loin, je suis folle, je suis crevée, je balance des trucs complètement guedins !
http://cafaitgenre.org/2014/02/25/genre-et-feminisme-pourquoi-vont-ils-de-pair/ 

Que ce soit clair une bonne fois pour toutes, n'ayez pas honte d'utiliser le mot de féminisme quand il est nécessaire !

samedi 15 février 2014

Je suis féministe depuis... au moins !

Ah, ça y est, j'ai enfin fini cet article (pour celleux qui l'attendaient). C'est bien, rappelez-moi quand je ne finis pas mes articles, ça me motive :)

Deuxième article et déjà le Ronchon Blog risque fort de se transformer en Ronron Blog (ou presque) puisqu'il va être question de remercier les gens grâce à qui j'ai parcouru tout ce chemin et avec qui je compte bien marcher encore un bon moment sur les sinueuses routes de la connaissance. Promis, la prochaine fois je ronchonne pour vos beaux yeux, on aura qu'à dire que c'est un hors-série prématuré. J'y peux rien, je suis sur mon nuage en ce moment. Mais lisez quand même, on ne sait jamais, ça pourrait être intéressant. Vous pourriez même être dedans.

***

La question qui va se poser ici pour moi n'est autre que le fameux : oui, mais par où commencer ? A partir de quand ai-je osé me considérer comme féministe ? Qu'est-ce qu'il y a eu avant ?

Je peux peut-être commencer par ronchonner tiens, à propos du terme « ronchon » justement ! C'est un mot que je trouve très péjoratif en fait. On dit de quelqu'un qu'il ronchonne quand il se plaint pour un rien, on a une image de ce dont il se plaint comme de quelque chose de superficiel et je n'ai pas du tout l'impression que c'est ce que je fais. Oui mais voilà, c'est aussi l'adjectif dont je me vois affectueusement affublée par l'une de mes twittos, Cécile, sans doute parce que je trouve plus souvent matière à râler qu'à m'émerveiller devant la beauté du monde... quoi que... la véritable « excuse » c'est que je n'avais pas d'inspiration pour le nom de mon blog et que celui-ci me semble assez pratique. Pratique dans le sens où j'essaie autant que faire se peut de garder un ton léger, de prendre du recul et de dédramatiser quand c'est possible ! Ça ne l'est pas toujours, hélas.

Ça c'est pour la genèse du titre de mon blog. Attaquons-nous à ma genèse de féministe maintenant.

Les cours de philosophie au lycée, ma super prof de philo d'alors et mon amie Liline.

Ayant toujours été étiquetée “intello” par ma famille malgré des résultats scolaires franchement dans la moyenne et même parfois en dessous, tout le monde m'a dit que j'allais adorer la philo au lycée ! Tout le monde a eu raison pour une fois... et pourtant les personnes n'ayant jamais fait de philo et condamnant absolument la chose sont légion par chez moi. Tiens, ça me fait penser à un autre truc qu'on condamne sans savoir ce que c'est...

(Je ne sais pas ce qu'est le féminisme mais j'y suis fermement opposé)

Cette comparaison me permet de dénoncer le fait que l'ignorance en milieu scolaire (voire plus loin dans la vie adulte) est considérée comme incroyablement cool, là où ceux qui réfléchissent sont chiants et infréquentables. C'est une chose qui a tendance à me pousser vers une certaine forme d'élitisme.

J'essaie de lutter contre cette envie d'exclure de ma vie tout ce qui est mainstream parce que c'est ce même milieu mainstream qui fait les choses superficiellement, qui glorifie l'ignorance et empêche la curiosité, l'originalité et la créativité de trouver leur place. Si je lutte contre mon préjugé c'est parce que malgré ça, on peut avoir besoin de passer par le mainstream pour découvrir quelque chose, que l'accessibilité peut ne pas être du nivellement par le bas, qu'on peut faire quelque chose pour tous et le faire bien. Je cherche des arguments, c'est vous dire si je ne suis, aujourd'hui encore, pas tout à fait convaincue par ces propos, mais je sais qu'il y a un certain mépris de classe dans le fait de dénigrer ce qui est accessible à tous et reconnaître ça, c'est reconnaître qu'il y a un problème dans ma façon de penser (moi qui pourtant suis loin d'être une bourgeoise, mais c'est une question d'accès à la culture etc... enfin tout ceci fera peut-être l'objet d'un autre article). Pour faire court je dirais que ma capacité de tolérance est plutôt limitée et que c'est un frein à ma quête de savoir, il me faut travailler là dessus. Mon amie Liline, rencontrée au lycée, est plus ouverte je pense et c'est aussi une personne avec qui j'ai débattu de sujets divers et variés comme la foi, l'amour, la liberté, l'instinct... ceci dit, pour ma défense, je déteste rarement quelque chose sans raison.

Bon, c'est quoi la philo alors ? La philo c'est ne pas tout prendre pour argent comptant. C'est déconstruire ce qui nous semble évident depuis toujours. Quand on a des convictions, se demander d'où elles viennent et si elles sont justes. Et si j'ai souvent entendu mon père dire que c'est complètement inutile sans qu'il n'en ai jamais fait, je trouve qu'il n'y a rien de plus faux. Si on ne pensait pas le monde, on ne ferait que le subir en continu. La révolution, la fin de l'esclavage, les droits des femmes, des homosexuels ? Pour quoi faire ? On va pas non plus réfléchir aux conséquences de nos actes, on a raison et puis c'est tout. Oh wait... subir le monde, c'est pas un truc qu'on cherche à nous présenter comme cool justement ? Bon, bah voilà, vous avez tout compris. Tout ça est très résumé bien sûr, il y a des millions de raisons pour lesquelles la philo est utile. Ensuite on pourrait discuter de l'utilité de l'utilité peut-être... si on réduit tout à l'utilité pratique dans l'absolu, la vie n'a aucun intérêt.
Par ce biais de déconstruction, je suis partie de la philo pour arriver au féminisme intersectionnel. C'est pour moi une suite logique, ayant toujours aimé me poser des questions et me remettre moi-même en cause. Je suis têtue mais les bons arguments font mouche parce que j'ai une capacité d'écoute dont je suis plutôt fière. En relisant des choses écrites au lycée, je me rends compte à quel point le féminisme allait apporter pas mal de réponses aux questions que je me posais et confirmer ce que je ne faisais que soupçonner. Le sexisme me sortait déjà de mes gonds, autant que le racisme ou l'homophobie d'ailleurs, je pressentais que cette colère était justifiée.

Lutter contre ma tendance à l'élitisme : mon amie Julie.

Je pense qu'elle sera surprise de se retrouver ici et pourtant elle y a toute sa place. Premièrement, parce qu'elle est la seule personne au monde dont je sois sûre qu'elle m'aime autant que je l'aime et c'est vraiment fondateur. En général, j'aime beaucoup trop les gens que j'aime, vraiment trop et tenir la comparaison avec cette démesure d'amour relève de l'exploit. L'amour de Julie tient la comparaison. Et pourtant, on n'est pas du tout parties sur de bonnes bases puisque j'étais dans une période de dépression à tendance fortement misanthrope quand on s'est rencontrées. Elle s'est pris plus d'un coup de griffe avant que je ne vienne ronronner à ses oreilles. Mais je m'égare. Ce que je veux dire ici c'est que Julie et moi avons deux visions du monde très différentes, deux personnalités très différentes. Et ce qu'il y a de bien c'est que lorsque ces visions se confrontent ou qu'elles semblent se confronter, on peut passer la nuit à en discuter (enfin c'est plus difficile maintenant avec la distance) jusqu'à se comprendre. Et jamais je ne me sens menacée d'un jugement implacable. Je suis sortie grandie des discussions que nous avons eu et elles continuent de me faire réfléchir aujourd'hui. Vous avez ce genre d'ami, vous ? Si oui, alors vous êtes chanceux.

Une autre facette de Julie qui me fascine c'est qu'elle lit absolument tout ce qui lui passe entre les mains et là où je m'offusque de toutes ces sorties de bouquins copies de Twilight et compagnie, elle va les dévorer pour savoir si vraiment c'est bien ou pas. Don't judge a book by its cover, c'est Julie. Et elle a bien raison quand elle dit que l'important c'est de lire, peu importe quoi, du moment qu'on lit.

Un pas de plus vers l'intersectionnalité, mes échanges avec la journaliste Audrey Pulvar.

Alors oui, je sais, récemment j'ai été super ronchon vis-à-vis d'Audrey Pulvar mais ceci mis à part, honnêtement, vous avez lu l'Enfant-bois ? Ce livre est un chef d’œuvre et pourtant je n'en avais pas entendu parler à sa sortie ! Je l'ai prêté et j'avoue qu'il me manque, même si je préfère le savoir entre des mains amies que dans un carton pour des années avec la majorité de mes livres, restés en France faute de véritable « chez moi »... En dehors de ça, mon cœur a cogné fort le jour où j'ai entendu son billet concernant Guerlain, je me suis sentie moins seule dans ce monde où personne ne s'offusquait alors que j'étais intérieurement en ébullition. Rendons à Pulvar ce qui est à Pulvar, une ouverture vers le féminisme, une inspiration un peu comme une étoile filante. J'aurais bien aimé qu'elle continue à briller un peu plus longtemps...

De la culture en général.... 
  
...je parlerai peut-être plus tard, ça mérite très certainement un article ou deux. D'ailleurs je l'annonce ici : mon prochain article ne sera pas tellement ronchon non plus puisqu'il parlera de la chanteuse Tori Amos.

Des livres, des cours et une correspondance avec ma prof de littérature.

La fac a été une période déterminante sur ma position en tant que féministe, parce qu'il s'est passé pas mal de temps avant que je n'assume vraiment qui je suis. Lors de choix de sujets pour des exposés, je m'orientais souvent vers ceux concernant la situation de la femme. Je répondais à ma voisine qui s'exclamait alors « toi, je parie que tu es féministe ! » un faiblard « un peu, oui ». Un peu, oui ? Mais qu'est-ce que c'est que cette réponse ? Bonjour je suis une féministe modérée, je suis modérément pour l'égalité et je dis « s'il vous plaît » avec le sourire et l'échine courbée comme il convient. Il faut dire que je suis tombée sur des phénomènes, entre cette dernière, qui dès lors m'affirma fièrement être misogyne, et une autre camarade qui était contre l'avortement, je me suis sentie très seule ! Et surtout particulièrement déçue, moi qui pensais rencontrer à la fac, des gens avec qui j'aurais été sur la même longueur d'onde (choix d'études précises après le bac donc supposition hasardeuse de points communs, c'est un peu ce que tout le monde nous promet...), je me retrouvais parfois face à des fous furieux. Mais le milieu hostile ça forge le caractère, on finit par s'affirmer et par avancer ses arguments. Du moins, ce fut le cas pour moi heureusement, même si l'adversité ne fut pas une partie de plaisir.

Heureusement, les discours de certains de mes professeurs m'ont redonné un peu d'espoir et parmi eux, celui qui m'a le plus marquée, celui de Maria Tang, ma prof de littérature, intervenue lors d'un cours sur les fameuses « gender studies » par un professeur Canadien (si ma mémoire est bonne, quant à son nom je l'ai bel et bien oublié!). Je ne sais pas combien de temps a duré l'intervention mais cette femme qui m'avait déjà soutenue à une époque où je désespérais, m'a fait comprendre que j'ignorais encore énormément de choses à ce sujet. J'ai quitté l'amphithéâtre les yeux plein d'étoiles, le cœur léger et le cerveau tout retourné. Et c'est l'effet que me fait chacune de ses lettres. Allez, je l'avoue, cette personne est probablement la personne que j'admire le plus au monde. Je ne regrette pas d'avoir eu le courage un peu fou de lui écrire et de lui raconter mes aventures depuis mon arrivée sur le sol anglais ! Avant de franchir le pas, fidèle à moi-même, je me suis demandé si c'était une bonne chose, si je ne me donnais pas trop d'importance et si, avec le peu que je connaissais d'elle, je ne l'idéalisais pas tout simplement. Plus je reçois de lettres et de cartes, plus je suis persuadée que j'ai vu juste et que j'ai bien fait de prendre le risque de passer pour folle (ce que je suis un peu quand même). Je ne l'effraie décidément pas puisqu'elle continue de répondre à mes lettres et ces temps-ci c'est plutôt moi qui prend du retard dans notre correspondance ! Honte à moi !! Quoi qu'il en soit, elle ne manque jamais une occasion quand il s'agit de me donner des conseils de lecture et je ne manque jamais une occasion de me jeter sur ces ouvrages. Dernièrement, elle m'a recommandé le blog de Sarah Ditum et plus précisément l'article concernant l'intersectionnalité qui m'a beaucoup fait réfléchir (vous noterez qu'il y a toujours des choses qui me font réfléchir, maudite intellectuelle que je suis!) et m'a permis d'affirmer mes positions. Je pense que nous avons besoin de l'intersectionnalité (concept) autant que de l'intersectionnalité (mot), vous suivez ? Si non, j'y reviendrai peut-être également, ça mérite d'être expliqué.

Bref, je ne saurais trop comment rendre véritablement hommage à cette grande dame qu'est Maria Tang et sans qui je ne serais sûrement pas où je suis en ce moment ! Le simple fait de savoir qu'elle est à portée de lettre est incroyablement rassurant. J'ai envie de croire qu'il y a quelque chose de stable dans ce monde.

La “communauté” féministe de twitter.

Je suis une féministe 2.0 c'est un fait. J'ai manifesté dans ma vie pour quelques causes mais jusqu'à présent jamais pour les femmes. A ce sujet si quelqu'un sait où je peux me renseigner pour savoir où se trouvent les manifs pro-IVG en Angleterre... je suis preneuse ! En revanche, même si je suis souvent derrière mon écran ou derrière un bouquin, quand j'en ai l'occasion je parle autour de moi de ce qui pose problème, ce qui, comme je l'ai expliqué dans mon premier article, demande de se lancer dans le vide avec détermination et d'être prêt à entendre les mêmes réactions en boucle, souvent assez désespérantes.

Oui, je parle d'égalité quand j'exerce mon métier, j'invite mes élèves à se poser des questions sur leur façon de voir le monde. Et si j'entends des remarques homophobes, je réagirais certainement différemment de certains collègues entendus/lus ici et là qui ignorent le problème, en rigolent ou abondent carrément dans le sens des propos tenus par certains élèves. Dans un climat actuel pour le moins tendu sur ces questions, je sais que je prends des risques et je trouve révoltant que ce soit « risqué » de faire réfléchir sur l'égalité. En 2014, ça ne devrait être ni plus ni moins que normal. Je ne prends rien de tout cela à la légère, je n'impose pas non plus mon point de vue et je ne cherche à convertir personne à quoi que ce soit.

Voilà, tout ça pour dire que non, le fait de parler féminisme sur twitter ne m'empêche pas d'appliquer mes convictions à la vie réelle. Je dirais au contraire que les féministes de twitter m'ont appris énormément de choses ! Parce que rares sont celles qui se contentent de 140 caractères et beaucoup alimentent régulièrement leur blog ou les blogs d'autres féministes. Évidemment on peut mentionner l'article de Mar_Lard sur le sexisme dans le milieu geek (que vous pouvez trouver sur le blog Genre dans les liens à droite de cet article), qui a ouvert les yeux de beaucoup et face auquel on a eu des réactions de déni typiques. Quoi qu'il en soit il a fait grand bruit et c'est une bonne chose. Grâce à ces féministes, je me suis informée. J'ai eu du mal à comprendre, j'ai hésité, j'ai changé d'avis, j'ai tenté de peser le pour et le contre et parfois je ne sais toujours pas dans quel camp je me trouve mais je sais que ce sont d'abord les concerné.es qu'on se doit d'entendre et que ça n'est pas toujours moi donc j'ai appris à me taire (pas comme dans cet article ou je suis quand même bien bavarde).

Il en reste encore... des inspirations, pas toutes féministes mais j'ai dépassé les 2500 mots, je vais peut-être me calmer maintenant si vous le voulez bien. Merci.

***

Vous avez lu jusque là, vraiment ? Vous m'épatez ! Promis je fais plus court la prochaine fois...